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dimanche 14 septembre 2008

Je suis nulle part


Je suis nulle part. 3h du matin, on ouvre les yeux, on regarde par la fenêtre et on ne sait juste pas où on est. Je me croyais en gros au milieu d’un grand pays entouré d’océans, bordé d’un pays froid et d’un pays où on porte des chapeaux pointus. Mais en fait, on regarde par la fenêtre et rien ne montre le lien entre la carte et le territoire. C’est comme le jour où on se rend compte que la sonorité « chaise » n’a absolument aucun rapport avec les bouts de bois sur lesquels nos muscles fessiers se reposent. Au passage, cette traitre de carte nous fait dire que Kirksville est petit. Rien n’est petit, c’est le monde qui est grand. Après tout, quelle est la différence de perception entre un instant passé à Paris et un instant à la Pommeraie sur Sèvre ? Rien, il y a de quoi contempler à 360°. Et à la limite, dans cette si envieuse « grande ville » qu’est NY, je vous défie d’avoir le sentiment de grandeur avec tous ces skyscrapers qui coupent à la gorge l’horizon ?

(Oui, la contemplation peut avoir un pendant révolté).

Mais y’a bien plus marrant.

Cette semaine, j’ai :

- Résolu 20 syllogismes. Par exemple, « All books in this room are mine. That book we saw in the outer hall must belong to someone else, because it is not in this room ». Je pense à mes parents : « Tous les livres dans cette chambre sont à moi. Ce livre qu’on voit dans le couloir doit appartenir à quelqu’un d’autre, parce que il n’est pas dans ma chambre ». Ahah.

- Eu mon premier A (9/10). Pourquoi ? Parce que j’ai défini un « Argument » (deux sens en anglais) comme étant « the dialogical interaction that consists of the confrontation of rational claims between individuals, as well as the rhetorical utterance of those claims » (là je traduis pas). Ohoh.

- Tenté de faire la glace la plus grande à la cafétéria, avec les machines-tu-sais-distributeur-comme-les-glaces-à-l’italienne-en-été-à-Angers. J’allais battre mon record, quand tout m’est tombé sur le poignet. Devant tout le monde. Ouhouh.


- Vu, enfin, « Le Scaphandre et le Papillon ». Non pas entre non sociables de français, mais au cinéma de Kirksville. Evénement organisé par l’association francophone de la fac. Une dizaine de films internationaux à suivre les prochaines semaines. Bref. Film incroyable, incontournable pour tout être vivant de plus 1m13 (???). Super intéressant, aussi pour voir qu’à Kirksville, il y a au moins 4 retraités qui parlent français. Ceux à qui j’ai parlé, pardi. Intéressant, aussi pour voir les réactions des ricains. C’est fascinant de voir qu’ils trouvent de quoi se marrer toutes les 30 secondes devant un film comme celui-ci. La finesse des dialogues semble être bien retranscrite dans les sous-titres anglais, mais le français de base, avec son béret et sa baguette ou les deux (ou aucuns des deux s’il est au cinéma), il sourit deux fois dans le film. Mmh mmh.

- Animé un groupe de discussion française dans un coffee shop après le film. Ils voulaient parler français, je leur ai servi la pâtée. Je pense qu’ils veulent plus en entendre parler. Je m’en veux. Ouille ouille.

- Eté réveillé par une fraternité gueulant devant ma résidence jeudi soir alors que je faisais la sieste à 21h. S’en est suivi une discussion avec la voisine de palier sur sa drôle d’idée de rentrer dans l’armée. Tout en m’avouant qu’elle ne suit pas trop la politique. Hunhun ?

- Vu à quel point la question de l’environnement est le dernier des soucis des ricains. Ordis laissés allumés la nuit, lumière aussi alors qu’il n’y a plus personne, mon roomate qui travaille à Walmart 5h par jour et qui trouve judicieux d’y retourner le soir parce que son pote n’a pas de céréales pour le lendemain matin, toutes ces pochettes plastiques, toutes ces minis bouteilles achetées par dizaines. Oh, oh.


- Kiffé ma soirée avec le trajet aller-retour sous la pluie. J’aime la pluie. C’est froid. Pl pl ? (va trouver des onomatopées avec la pluie, toi).

- Compris que l’Europe est loin d’être méprisées par ces « prétentieux » ricains. Au niveau académique, l’Europe reste la source intellectuelle, au moins pour les périodes précédant le début du jeune état américain. La Grèce antique, mais aussi les Lumières, et la philosophie récente. Plus culturellement, l’Europe, et plus précisément la France, attire beaucoup de monde. Diversité culturel, bonne bouffe (difficile de faire
plus immangeable que la « fast-food culture »), élégance, retenue.

- Vu là dedans qu’il y a un sujet un peu à part : la religion. L’avènement de l’athéisme, voire du nihilisme, caractéristique du vieux continent, n’a pas encore touché les US. L’église n’est même pas populaire, elle est simplement culturelle. Peu nombreux sont les athées (16%, m’atteste mon compagnon de petit-déjeuner). Sans être fanatiques ni même pratiquer tous les jours, quasiment tous les jeunes étudiants que je rencontre reconnaissent une église à laquelle ils sont affiliés, où ils vont parfois à la messe, ou que leurs aïeux côtoyaient déjà. Autre point important : le grand nombre de différentes églises : mormons, méthodistes…

- Eu envie de revenir sur cette question du nihilisme. La relation des américains, encore proche avec la religion explique peut-être en partie ce qu’on voit comme de l’orgueil, ce que je vois plutôt comme un esprit très entrepreneur, prétentieux dans le bon sens du terme. Le nihilisme que je remarque avec regrets en Europe explique notre tentation (souvent succombée) de croire qu’il n’y a plus de causes à défendre, qu’il est plus facile de se croire purement néant, que la voix de l’un ne vaut rien, est donc ici hors de propos, ou presque. Ici, on avance. On tente. Si le matérialisme ou l’hédonisme sont des témoins habituels d’une société nihiliste, le qualificatif devrait pourtant fonctionner ici. Mais c’est un point que je n’ai pas encore trop éclairci. Mmh mmh.

- L’intention de bouger un peu mon cul. Après la mise à l’aise nécessaire, au bout de ces 5 semaines, je me rends compte que j’ai encore d’énormes lacunes d’expression. A tel point que, même avec le temps faisant son boulot, je me vois mal revenir au pays en janvier, bilingue comme je devrais l’être. C’est à dire qu’entre mon aisance à discuter et les américains qui, par défaut, se voient surement mal reprendre toutes les 20 secondes l’expression imparfaite d’un étranger, j’évolue peu. J’en viens donc à me dire qu’un certain effort doit être réalisé maintenant. Car après un mois, l’attitude de lâcher l’attention au bout de quelques minutes de discussion, tant sur son expression propre que sur la compréhension de ce qui est dit, est rapidement devenu un (mauvais) réflexe. Promis, je vais bosser. Merci à mon colocataire de pote Connor qui veut bien me reprendre à chaque erreur de prononciation. Dans moins de 2 mois, toi, lecteur de mon super blog, comprendra pourquoi c’est un peu important. (C’est ma petite surprise).



- Découvert le Foot américain universitaire. Attention, on touche à une institution. Des types bodybuildés, à peine plus vieux que moi, dépensent 3 heures par jour sur le terrain d’entraînement pour un match chaque semaine. L’équipe de Truman n’est pas terrible, à en croire les classements, mais elle est quand même dans la seconde des trois divisions universitaires. Le haut niveau, c’est par exemple l’équipe de Mizzou, de la ville de Columbia, à une heure de Kirksville, où une bonne partie des matchs sont diffusés à la TV au niveau national, se déroulent dans des stadium ultra gigantesques, le tout pour des types de moins de 22 ans en moyenne. Et ces gars sont des superstars médiatiques. Les « Bulldogs » de Truman sont plus modestes, mais on voit la part des habitudes culturelles. Les joueurs sont repérables à 100 mètres et ils sont loin de cacher leur passion. Et pendant le match, rien ne manque pour le show : fanfare, pom-pom girls, mascotte, armée de la ville pour faire péter un canon à chaque Touchdown et un groupe d’une dizaine de soldats pour faire des pompes à chaque point marqué. Et avec ça on trouve le moyen de perdre 31-28.


- Remarqué que Bush est la risée honteuse de tout son pays. Plus personne n’oserait s’avouer défenseur du monsieur maintenant, et en même temps je ne vois pas quels pourraient être les arguments jugés recevables. Les étudiants, qui représentent certes une petite élite, sont absolument unanimes sur leur vision du président sortant. L’élection arrive à pique. Ou encore mon prof d’Argumentation qui illustre le concept de « Argumentum ad Nauseum », qui consiste dans le fait de répéter tout le temps les mêmes choses, comme étant la technique préférée du gouvernement Bush. Ouf…

- Apprécié mon côté créatif avec ces tirets. Ca c’est marrant. Hi hi hi oh oh oh ahaha hun.

Je vous aime.

Samuel

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