If you need to translate this page.

dimanche 2 novembre 2008

J-2

Pfou. 2 Novembre. 4 Novembre. Un gros événement.

Curieusement, la période est relativement calme pour tout le monde ici. Comme s'il n'y avait rien de spécial dans 2 jours.

C'est une des illustrations de la relative ignorance d'une certaine partie de la population américaine : ils ne voient pas l'enjeu. Beaucoup ne sont pas au courant de l'ultra-soutien pour Obama en Europe, beaucoup ignorent la mauvaise image des Etats-Unis à travers le monde, en grande partie grâce à Bush, beaucoup ne sont juste pas conscient de la vraie réalité de la guerre en Irak, par exemple. Ils ne s'agit pas de les blâmer. C'est juste le résultat d'une situation complexe : pays puissant, avec des ressources, grand poids démographique, culture "mainstream" ultra-dominante, médias très subjectifs, géographie et structure de société propice à la prolongation des groupes traditionnels en place, pour l'"Amérique profonde".

Cela dit, il faut aussi voir que je suis en plein milieu des US. A l'Est, à l'Ouest, sur les côtes, la vie urbaine, économique, avec une éducation forte et une religion plus en retrait, donne des zones assez démocrates.

J'avais compris quelque chose avant même de venir ici et je le vérifie ici tous les jours : le parti démocrate américain n'est pas l'équivalent de notre gauche. De même pour le partie républicain. Je crois qu'on peut estimer que le parti démocrate correspond à notre centre-droite, alors que le parti républicain est à situer entre la droite et l'extrême droite. Là encore, dans des groupes sociaux où la religion est importante, l'éducation pas forcément une question primordiale, le tout en vie rurale, c'est pas très étonnant. Sécurité, culte, valeurs religieuses, patrie, crainte sont, dans les grandes lignes, les constantes qu'une partie des USA, encore, supporte.


Mais les choses semblent changer. Sur le campus, en cours, en discussion avec un peu tout le monde, plus personne n'est là pour défendre Bush. Il reste des républicains, qui supportent McCain. C'est le cas de deux de mes roomates. Malheureusement, difficile d'éviter le cliché du vote "traditionnel" : ils ne sont pas capables d'aligner plus de deux arguments rationnels, et la logique ultime reste : "C'est comme ça qu'on fait, d'où je viens."

On trouve des pros-Mc Cain. Mais plus on va vers une haute éducation, des hautes études, plus c'est rare. Logiquement, l'étudiant prend conscience du monde, de certaines valeurs ou de certains actes de son pays qui ne devraient pas avoir lieu. Et il y a un revirement vers le parti démocrate, plus en phase avec la politique en Europe, notamment. En "Communication Theory", cours principalement pour les 3ème et 4ème année, sur une trentaine d'élèves, un seul étudiant s'avoue pour McCain. Même si certains ont probablement tu leur voix lors du vote à main levée, ça montre au moins qu'être de ce côté est une décision plus difficile à tenir. Et, sans bien sûr le dire, les professeurs montrent, au moins, qu'ils sont bien loin d'en rester au valeurs traditionnelles. A part peut-être mon professeur de Tradition Rhétorique Américaine, qui affiche avec fierté sa participation à l'"Eglise du Christ" de la communauté. L'interdiction d'enseigner le cours d'"Ethique" qu'il a reçu il y a quelques années, montre bien que, même ici, la sphère de l'éducation fait un réel effort de passer de valeurs religieuses à quelques chose de plus rationnel et neutre.

Deux de mes roomates semblent être, assez naturellement, démocrates. Nick, mon compagnon de chambre qui est vraiment conscient, cultivé, plutôt au courant des choses, tout en restant très modeste. Et Connor, aussi. Peter, lui, ne votera pas : il n'est d'accord avec aucun des deux candidats et il sait que les autres candidats n'ont aucune chance d'être élus.

La population étudiante, encore plus pour les minorités, est clairement une des cibles d'Obama. Et ça marche.


Je vois mon roomate mormon conservateur passer les dernières soirées de cette semaine à lire des articles du site web de la chaîne pro-républicaine Fox News. Les titres des colonnes sont assez scandaleux et loin d'une presse cherchant l'objectivité. Mais en même temps, j'entame le débat avec lui et il n'a pas d'argument. Dans une société si traditionnelle, le réflexe démocratique du débat n'est pas encore installé. On est persuadé par le modèle, par l'autorité religieuse qui est souvent, encore l'autorité du groupe. "Même Bush était meilleur qu'Obama. Je ne peux pas voter pour Obama parce que ma religion supporte McCain." Le racisme n'est bien sûr pas explicite, mais on imagine bien que ce n'est pas dans le parti républicain qu'un candidat noir sera présenté. Ou même une femme, d'ailleurs. Dans l'Amerique profonde, faute de confrontation sociale, les choses avancent lentement.

Différence de vitesse donc, avec l'événement dans deux jours. Pour Peter, c'est clair et univoque : Obama va être élu. Et à en croire les journaux, la télévision, les sondages, c'est la même tendance. S'il n'y a pas le fiasco qu'on connu les deux dernières élections en 2000 et 2004, on devrait connaître les premiers résultats mardi soir, ou mercredi matin. Dans moins de 100 heures.

Mais, en attendant, la vie continue à Kirksville.

Aucun commentaire: