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lundi 27 juillet 2009

A quelques gouttes près


Les mois filent et le message de conclusion de ce blog, que je promettais pour quelques semaines après mon arrivée, ne fait que pointer son nez.

J'ai passé un semestre à me questionner sur ce que l'expérience aux USA m'a apporté. Pour pouvoir l'expliquer autour de moi, pour trouver de quoi raconter dans le présent message, mais avant tout pour moi-même.

Évidemment, l'expérience a été drôlement positive. Ouverture culturelle, progression linguistique, prise de confiance académique, mais aussi sociale et personnelle. Après 4 mois à Truman et surtout un mois à voyager d'Ouest en Est, la plus importante leçon aura été que se balader et s'installer à travers le monde est une chose totalement accessible, à condition de se bouger un peu. Accessible, et surtout gratifiant.

Breakdown

Le retour a été dur. Douloureux. La famille qui vient à l'aéroport, et avec qui le compte-rendu s'arrête une fois arrivé chez la sœur parisienne. Les copains, d'abord très expressifs dans leur joie de me revoir, qui, peu à peu, montrent que la vie continue son chemin. Et qu'on est qu'un petit détail. Alors, on espère, et on fait même quelques petits efforts pour permettre de multiplier les échanges sur l'expérience... en vain.

C'est aussi en côtoyant d'autres étudiants ayant passé le semestre à l'étranger que j'ai compris qu'il y a un fossé entre entendre parler d'une telle expérience, et la vivre. A moins de trouver quelqu'un très bavard et sachant attirer l'attention, l'histoire se résume en quelques minutes par un faiblard "C'était trop ouf" ou "J'ai trop adoré... il y a pas de mot".

Eh oui, il n'y a pas de mot. C'est précisément cela. Rencontrer des gens, voir une autre société, sentir de nouvelles émotions : tout cela n'est pas du registre du racontable.

Life goes on

Mais la vie continue. La vie a continué. Au niveau académique, petit semestre un peu original, avec divers projets professionnalisants, quelques cours, un stage de 6 semaines... Mon regard sur ces 3 ans d'études a évolué... en négatif. Face à l'ambition et la valeur pragmatique de l'effort aux US, nos timides réflexions et cette tradition du "touche à tout sans rentrer dans rien" de mon institut a fini par me décevoir. Il me semble juste que j'aurai pu lire plus, débattre plus, m'ouvrir au monde encore davantage en ce laps de temps. Sans parler du personnel enseignant... Quelques pontes attirent l'attention par leur recherche d'un poste prestigieux plutôt que par celle du bon apprentissage de l'étudiant... quand le reste tente, modestement, de bien faire son boulot. Au final, Licence obtenue, et avec mention, mais je ne suis pas bouleversé par cette formation. Pour ce que cela m'a apporté personnellement, avec en premier lieu le séjour aux États-Unis, là, oui.

Et puis, autre niveau, la vie sociale a elle-aussi suivi son cours. Là encore, malheureusement, le constat n'est pas tout rose. Certes, quelques moments agréables. Et oui, quelque part, j'avais changé, et cela m'a ouvert à mieux profiter de certains moments avec mes amis. Mais d'un autre côté, mon entourage et ses références que je connaissais déjà faisaient difficilement le poids face à la rencontre quotidienne de cultures si diversifiées et déroutantes... Et puis, je revenais après 5 mois d'aventure avec, en tête, tous les points forts de la culture américaine et de celle des étrangers côtoyés. Alors que de la France, je ne continuais de voir que ses limites : un scepticisme parfois handicapant, le cynisme, le manque d'ambition...

Mais où se situer face à tout cela ? Que garder ? Quel sera le souvenir ?

Verre à moitié plein, verre à moitié vide

En bon français, je me rue sur les points grinçants. Ce qui fait mal, ce qui a un peu coincé. Mais il n'y a pas que ça.

Car d'un autre côté, cette expédition aux US a aussi orientée mes choix au cours de ce semestre. La rencontre, et les nombreux moments passés avec des étudiants espagnols... m'ouvrant à un monde totalement ignoré : une communauté d'étudiants internationaux dynamiques et passionnants sur Angers. Des moments inoubliables et une nouvelle fois, un petit paquet de nouveaux pieds-à-terre un peu partout dans le monde... ! Et puis, j'ai aussi compris que faire le plus de nouvelles rencontres possible était mon truc : j'ai passé un peu plus de temps avec le petit monde de Radio Campus Angers, ou encore ces amis gentiment gauchistes de la Fac de Droit... ;-)

Et les choses avancent. Dans 24 heures, je serai à New Delhi... l'aventure continue ! On peut y voir la suite d'un mouvement de rejet de ma culture, de mon milieu, de mes traditions. C'est surement un peu vrai. On peut aussi y voir la suite d'une addiction toute neuve : aller à l'autre bout du monde, chercher l'antithèse de soi et de son milieu pour, finalement, retrouver l'essentiel. Se retrouver.

Le flot de la vie prend par la main quand on pourrait s'arrêter et rester à un constat supposé clairvoyant sur des situations bien trop récentes.

La vie est belle, en France, aux Etats-Unis... et en Inde, j'espère bien !

Merci d'avoir suivi mon aventure. Ce fut un plaisir et une chance pour moi d'avoir pu vous intéresser.

Bien sûr, il y a une suite... : http://www.indianasam.net

A très vite !

Samuelito

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Sam,

C'est (était) un très bon blog : intelligent, ouvert, cultivé... Dommage que je n'en prenne connaissance qu'à sa fermeture... Mais je suivrai avec plaisir vos pérégrinations en Inde !

Je crois que c'est Montaigne qui disait que le voyage permet de "frotter et limer notre cervelle contre celle d'autrui"...

Alors bon voyage et... carpe diem !

Bien à vous,

Pascal Morvan

LL a dit…

Cher toi,

Bienvenue dans mon monde^^ Pour m'être écartée de vous pendant 6 mois dont 3 aux USA, tu as mis des mots sur le malaise qui m'a habité pendant toute ma troisième année et par conséquent, je suis navrée que tu n'ais pas trouvé d'oreille attentive pour raconter tout ça (moi compris), mais comme tu le dit, si on l'a pas vécu en même temps... L'échange se fait en sens unique !

De même, je suggère très fortement, par expérience, que tu ais pris goût à barouder et pas que tu rejettes ta propre culture (on est bien plus prompt à détecter ce qui va pas chez nous que chez les autres) !

Profite de l'Inde ;)

Des bisous doux !

LL

PS : Ah l'UCO^^ Quel sujet de débat !